Les LGBT dans le viseur du Qatar malgré une tolérance de façade pour le Mondial-2022

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Le drapé arc-en-ciel, symbole de la défense des droits LGBT, revient au cœur de la guerre des images au moment de la Coupe du monde au Qatar. Doha garantit leur “sécurité” lors de l’événement sportif, et Human Rights Watch a déclaré une criminalisation de l’homosexualité, passible d’emprisonnement.

Mohammed, Rafic, Azhar. Ce sont tous des citoyens qatariens et des homosexuels. Leurs témoignages, cités par Human Rights Watch (HRW) et le média anglais Daily Mail ont contesté la peur d’être démasqués dans un pays où les relations sexuelles entre personnes du même sexe sont passibles de sept ans de prison.

Alors que le Qatar s’apprête à accueillir la Fifa Coupe du monde en novembre 2022, l’ONG HRW alerte sur la surveillance et la répression des personnes LGBT.

Arrêté en 2014 pour comportement homosexuel présumé, Mohammed Craint de retourner en prison. Pendant sa détention, les agents ont fouillé son téléphone et identifié un homme avec lequel il avait échangé des messages amoureux. Ils ont essayé de contacter cette personne pour la cibler également, raconte le Qatari à HRW. Il se souvient avoir été détenu pendant des semaines, subissant des violences verbales et un harcèlement sexuel de la part de la police. Les agents lui ont même rasé la tête.

D’autres témoignages recueillis par le Daily Mail debut en octobre vont dans le même sens. Rafiq, 37 ans, ne pas se suicider à de multiples reprises, craignant en permanence que sa double vie ne soit découverte. Il rapporte que des amis ont été détenus à Doha pendant un mois parce qu’ils avaient l’air “trop ​​​​​​féminins ou semblaient être gays”. La police leur a également rasé la tête. “La police ne rase pas la tête des autres prisonniers, seulement celle des gays”, dénonce Rafiq.

Interdit de séduire un autre homme

Au Qatar, les relations sexuelles entre hommes sont punies de peines allant jusqu’à sept ans d’emprisonnement. Mais la loi va encore plus loin, dénonce HRW, car la seule “séduction” en vue de commettre un acte de “sodomie” est également passible de trois années de prison.

Plus largement, toute allusion aux LGBT est bannie des médias qataris, en vertu d’une loi qui les considère comme une “atteinte à la morale”. Ainsi en 2018, l’édition internationale du New York Times dans sa version diffuse de Dar al-Sharq, un partenaire qatari, fait le rétro avec plus d’articles sur les questions LGBT. Du coup, le journal est en haut des pages blanches en lieu et place d’un article sur un couloir de la mort contre un bar gay aux États-Unis ou sur un bout de papier sur Elton John, fervent défenseur des LGBT et critique de L’organisation de la Coupe du monde au Qatar.


Le chanteur britannique n’est pas le séoul. Dans le cadre du grand rendez-vous sportif, d’autres s’inquiètent de l’existence ténue d’une Coupe du monde dans un pays qui criminalise les homosexuels.

Le Qatar assure que les LGBT sont en “sécurité” lors du mondial

“J’aurais peur de jouer au Qatar”, une déclaration en novembre de l’Australien Josh Cavallo, le seul footballeur professionnel au monde à avoir publiquement révélé son homosexualité. C’est ce qu’a déclaré le directeur général du Comité qatari pour l’organisation de la Coupe du monde : “tout le monde sera le bienvenu ici et tout le monde se sentira en sécurité”.

“Le Qatar est un pays tolérant, un pays chaleureux, accueillant”, commentaire de Nasser al-Khater dans un entretien avec CNN diffusé le 30 novembre. “Le Qatar reste conservateur du point de vue de la démonstration d’affection en public. Nous demandons aux fans de respecter les différentes cultures, comme nous le faisons nous-mêmes”, at-il toutefois précisé.

Autre promesse faite par le comité de l’organisation qatarie à la FIFA, l’assurance que les affiches et symboles réalisés par la Promotion des droits LGBT étaient bien autorisés. « Dans ce qui concerne les drapeaux arc-en-ciel dans les stades, la Fifa a ses propres directives, elle a ses règles et règlements », une déclaration de Nasser al-Khater à l’Associated Press. “Quels qu’ils soient, nous les acceptons”.

Bien sûr, la Fifa garantit que même si le bio est bien “inclusif”. “Les gens doivent être libres d’arborer tout type de drapeau qu’ils veulent, sans être ciblés ou discriminaminés, y compris le drapeau arc-en-ciel”, a rappelé le 21 décembre sa secrétaire générale, Fatma Samoura.

Jouets arc-en-ciel interdits

Pourtant, ce même jour, une annonce des autorités du Qatar est semer le doute. Le Qatar s’est lancé dans une grande campagne de saisie des jouets “contraires aux valeurs islamiques”. Comprendre des jouets pour enfants aux couleurs du drapeau arc-en-ciel, rappelant le symbole de la défense des droits LGBT.

“Des campagnes d’inspection répondent dans des magasins dans différentes régions du Qatar ont abouti à la saisie de jouets pour enfants porant des slogans contraires aux valeurs islamiques”, une annonce sur Twitter du ministère du Commerce et de l’Industrie, que je exhorté “Les citoyens et résidents à signaler toute marchandise portant des logos ou des dessins contraires aux traditions”.

Sans donner plus de précisions, il a participé à la publication d’une photo montrant les célèbres jouets à bulles antistress en caoutchouc et aux couleurs arc-en-ciel.


Dans un peu moins d’an, toutes les caméras du monde seront braquées sur le Qatar à l’occasion du Mondial. La guerre de communication autour du drapeau arc-en-ciel est bel et bien produite, et Doha en connaît la force du symbole. En témoigne le prix du poste du champion de Formule 1 Lewis Hamilton le mois dernier.

Lors du Grand Prix de Formule 1 qui s’est tenu pour la première fois au Qatar le 21 novembre, le pilote britannique portait un casque multicolore, pour adresser un message de solidarité à la communauté LGBT. “L’amour est amour”, avait-il fait inscrire dessus et “Nous luttons ensemble”.

Avec l’AFP

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