Qatar 2022 : un peu de sport, énormement d’argent et des violations massives des droits humains

Dans un an, débutait la Coupe du monde 2022. Dans une tribune publiée au Monde, notre présidente Cécile Coudriou a rappelé la FIFA et la FFF pour leurs responsabilités vis-à-vis du Qatar qui continue d’exploiter les travailleurs migrants.

Des « Ballons de la honte » de 1998, fabriqués au Pakistan pour les enfants sous-paysans et maltraités, à la Russie de 2018, championne de la répression, l’histoire récente du coup du monde de football est parsemée de scandales. Un petit peu de sport, énormement d’argent et de cynisme, et des violations massives des droits humains : tel pourrait être le résumé de cette épreuve, que continua malgré tout à faire rêver jeunes et moins jeunes. Mais cette fois-ci, avec le Qatar, la Fédération internationale de football (FIFA) a été beaucoup trop loin dans cette logique de compromis. La pétromonarchie a vu mourir des milliers d’ouvriers sur ses chantiers destinés au Mondial, sans enquêter sur ces « accidents de travail », dès qu’ils reconnaissent leur responsabilité. Le Qatar continue d’œuvrer pour le maintien des salariés, hommes ou femmes, dans des conditions de quasi-servitude.

Comme dans d’autres pays de la région, ces personnes ont en effet quitté par million leur pays (principalement d’Asie du Sud-Est ou d’Afrique) pour fuer la misère et pour trouver un travail dans le Golfe, et notamment au Qatar. Avant que les projecteurs de la communauté internationale ne soient focalisés, en raison de la Coupe du monde, sur ce petit État riche et influent, ces hommes et ces femmes – embauchés sur les chantiers ou dans d’autres secteurs (services, nettoyage, etc. . .) .) – il confisquera systématiquement les documents administratifs et soustraira les travailleurs aux conditions éprouvantes, pour des salaires très faibles – lorsqu’ils les recevaient !

Une forme de travail forcé, envers du décor pour l’un des événements sportifs les plus médiatisés au monde.

Des évolutions cosmétiques, savamment mises en scène

Sous la pression de la communauté internationale, le Qatar a accepté de modifier sa législation. La loi sur la kafala – système de parrainage préalable à l’embauche – enfin elle est modifiée, plus à la marge, pour ma protection, encore plus théoriquement, les personnes migrantes qui travaillent sous le régime. Une évolution en fait cosmétique plus habilement mise en scène par les partis pris d’une importante campagne de presse et d’opinion à l’international. Car dans les faits, le statut n’a peut-être pas changé.

Sous les pieds des joueurs qui fouleront les pelouses des stades, ce sont des milliers d’ouvriers qui ont souffert ou sont décédés.

D’après nos informations, les mêmes conditions de travail sont révélées sur les chantiers, y compris ceux que ne sont pas directement par le Mondial : pauses insuffisantes, accablante, interdiction de quitter son employé sans son accord, voire de rentrer dans son salaire , impossibilité de protester ou de dénoncer la situation. Ainsi, le blogueur kenyan Malcolm Bidali, agent de sécurité au Qatar, qui avait évoqué ces conditions de travail sur les réseaux, passé près d’un mois en prison, avant d’être enfin relaché et autorisé à quitter le pays. Malgré la Coupe du monde, et contrairement aux affirmations des autorités qatariennes, rien ou presque n’a changé sous le soleil de plomb de Doha.

Les salariés ont fait tous les efforts démesurés, avec la possibilité d’engager des poursuites pour « délit de fuite ». Le Covid-19 et la faible protection accordée aux personnes migrantes employées au Qatar ont par ailleurs encore accumulé les dangers.

Arènes sorties du sable

Les joueurs que fouleront les pelouses du stade de Lusail ou des autres arenes sportives sorties du sable pour l’occasion savent parfaitement à quoi s’en tenir. Sous leurs pieds, ce sont des milliers d’ouvriers qui ont souffert, ont été blessés, ou sont décédés, pour qu’ils puissent briller devant leurs supporters.

Si vous êtes confronté à une situation indécente, vous ne serez pas tenu de fournir à l’ensemble des migrants travaillant au Qatar des conditions favorables et conformes aux normes dictées par l’Organisation internationale du travail. Ce qu’ils ont, c’est une liberté de mouvement effective, le droit de manifester et les assurances de bénéficiaires pour leur travail.

Nous demandons que des enquêtes soient demandées sur les morts causés sur les chantiers, et que les responsabilités des entreprises et des autorités soient clairement énoncées. Le cas échéant, les familles doivent recevoir une indemnisation juste. Car aujourd’hui encore, ce sont elles qui doivent payer les frais de rapatriement des corps !

Nous n’appelons cependant pas au boycott de la Coupe du monde, car nous avons choisi d’utiliser cet événement pour mieux braquer les projecteurs sur les conditions terribles dans lesquelles les personnes migrantes travaillent et pour tenter d’obtenir des changements effectifs pour elles.

Partout, des initiatives sont prises en effet pour attirer l’attention sur ce scandale. Certaines équipes et fédérations nationales (Suède, Pays-Bas), ont pris conscience de cette condition dramatique et l’ont déjà dénoncée publiquement.

Et en France ? Rire. La Fédération française de football (FFF) poursuit son rejet de tous les joueurs du monde, et les champions du monde – certains salaires en club pour les Qataris – conservent des muets.

C’est pourquoi nous demandons à la FFF d’intercéder en fin auprès de la FIFA, dont les bénéfices attendus lors de cet événement sont colossaux, afin que la fasse pression sur le Qatar pour qu’il modifie profondément, concrètement, et durablement, le conditions de travail des personnes migrantes.

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