Comme certains le Pressentaient, cette Super Ligue sera finalement tranchée par les Tribunaux Européens. Personne n’ignore, depuis l’affaire Bosman, que ces derniers peuvent changer le visage du foot pro, au nom de la sacro-sainte doxa liberate le de la concurrence que sert de credo à la construction européenne. In a surtout, et sans fausse ingénuité envers les instances continentales, envie de leur demander, sinon de respecter, mais au moins de laisser notre pied tranquille.
La bataille juridique que va s’ouvrir devant nous, à la suite de la requête d’un juge espagnol du tribunal de commerce de Madrid, Manuel Ruiz de Lara (dont le nom pourrait du coup entrer dans l’histoire par la mauvaise porte) , qui a dépossédé “question nuisible” devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), peut sembler une banale guerre de légitimité entre puissants et puissances. D’un coté, l’UEFA et son article 49, que lui octoroie le monopole des compétitions continentales, et en face l’article 102 du Traité de fonctionnement de l’Union européenne, qu’est censé interdire toute “position dominante” sur un marché d’une quelconque entreprise privée. Naturellement, il est tentant dès lors de rappeler l’arrêt dit Bosman de 1995, sur le libre de joueurs, et donc une éventuelle décision qui pourrait de nouveau agir et officialiser une transformation majeure dans le champ sportif. Cette jurisprudence finirait par rebondir au-delà du ballon rond.
A Bosman bis arrêté ?
Cependant plusieurs paramètres changent la donne en 2021. La CJUE va cette fois être contrainte de composer avec un rare consensus des États membres contra la Superligue, même si des opinions préfèrent mobilisées sur le sujet. Si l’UE décide de donner raison à Florentino Pérez et Andrea Agnelli, ce sera cette fois en pleine connaissance de cause du chamboulement que cela induit. Sans oublier en outre que le Royaume-Uni a Brexit plus tard. Il ne s’agit pas de choisir un camp. Parti en 1998, après les premiers skis de la Superliga évoquées, Alain Buono, responsable du foot FSGT, cette gauche en crampons, refusait dans la revue fédérale sport et plein air l’ingéniosité du devenir, par opposition à ce projet strictement commercial, Les objectifs alliés de l’UEFA que lutte contre le projet de la Superliga pour préserver sont pouvoir ahurissant et ses privilèges exorbitants avec de pieux arguments ! »
En fait, il est clair qu’il y a des preuves : l’UEFA est bonne et bonne, tout comme la FIFA, une multinationale, qui se soucie des avantages de vendre maintenant et est également plus susceptible de produire. Être planquée en Suisse avec un statut « à mais pas lucratif » ne trompe plus personne. Les juges à Bruxelles n’auront peut-être de difficultés à trancher sur ce point de droit, ce qui concerne également par ricochet le CIO. Mais, et c’est le volet politique du conflit, l’UEFA est aussi dépositaire d’un héritage centenaire et d’un patrimoine commun. Elle a certes essayé de le faire fructifier par tous les moyens, y compris en étouffant toute concurrence, et elle n’en respecte que la véritable richesse culturelle et sociale, plus difficile à quantifier et marchandiser. Les réformes successives du C1 ont été démontrées cyniques en la matière. Il n’empêche, la vaste mobilisation contre la Superliga a témoigné, et achète au coeur même d’une perfide Albion qu’on imaginait définitivement corrompu, que l’âme de ce plus grand des jeux ne s’était pas évaporée.
L’âme du pied ne peut être vendue
En fait, même si c’est le cas d’une vision utopique des perspectives purement libérales, au sens économique, pour couper aux dissertations convoquant l’Esprit des Lumières qu’animant les instances européennes, il serait important de sauvegarder et de préserver ce qu’il reste du pied que nous aimons. Celui qualifié de populaire. Un pied qui, des stabilisés de la porte de Clignancourt aux enceintes métamorphosées dans les centres commerciaux de la Bundesliga, conserve malgré tout une unité sentimentale et affective, qui traverse et transporte le cœur de son peuple. Une unité qui lui octroie cette place unique dans la civilisation du Vieux Continent. Cet amour, passion, partage et communion ne résument pas dans la volonté de l’UEFA de préserver sont monopole. Cependant, cette valeur ajoutée du foot dans nos sociétés modernes, si désabusées et brinquebalantes, serait sans doute sérieusement por la validation d’une Superligue. Cette forme de complétion complètement hors sol, déconnectée du substrat essentiel du pied. L’Union européenne a fait suffisamment de mal au pied. Si elle pouvait nous éviter un coup de poignard de plus par dogmatisme libéral, cela ne serait pas de refus. D’ailleurs, comme l’avait si bien écrit Ernst Junger, « pendentif la mue, le serpent est aveugle » .
Par Nicholas Kssis-Martov