« Le gouvernement a beaucoup de cadavres dans son placard » / Angleterre / Hillsborough Catastrophe / SOFOOT.com

Le 15 avril 1989, lors d’une demi-finale de FA Cup opposant Liverpool et Nottingham Forest, un coup terrible de la foule pressait des meuniers de supporters des Rouges contre les grilles du Hillsborough Stadium, à Sheffield. Quatre-vingt-treize d’entre eux mourront étouffés, piétinés ou écrasés, quatre victimes décèderont plus tard. Vingt-trois ans après, le même de la région métropolitaine de Liverpool, Steve Rotheram, se bat pour l’institution d’une loi, la Hillsborough Law, qui évite aux familles de victimes de tragédies de vivre le même calvaire que celles du plus grand désastre de l’histoire du football anglais.

Quel est le projet de loi ? En quoi la loi Hillsborough est-elle nécessaire à vos yeux ?
Le but est de rééquilibrer le système judiciaire britannique. Le solde penche depuis trop longtemps en faveur des désinstitutions et des agences publiques. Une fois offert à une personne ordinaire qui a vécu une tragédie, qui a perdu un être cher, un accès décent à la justice. Les organismes publient des réserves de financement infinies, alors que les familles n’ont pas besoin de proposer de longues procédures. On aimerait que la défense des familles soit, au moins en partie, prise en charge par les pouvoirs publics. La loi prévoit aussi l’instauration d’un avocat public que de défendre l’ensemble des familles. On veut mettre en place une charte pour les familles, bien qu’il s’agisse d’un devoir de franchise. (La loi prévoyait que tous les membres de force de l’ordre concernés par une affaire soient soumis à un devoir de frank, une disposition légale qui impose aux officiels de prioriser le bon déroulement du procès plutôt que le verdict les concernant eux-mêmes, NDLR.) Cela surprendra la plupart d’entre vous lecteurs, mais, ici, les fonctionnaires ne sont pas soumis à une obligation de franchise. En d’autres mots, ils peuvent ne pas dire la vérité. Ils n’y sont pas obligés. C’est étrange, n’est-ce pas ? Tu es payé par un organe public et quand on te plante des questions, tu n’est pas sous serment. Tu n’as pas nécessairement à dire la vérité. Ce ne serait pas surprenant dans le régime de Poutine. Ça l’est un peu plus dans ce qui se veut être une démocratie perfectionnée.

« On veut offr à une personne ordinaire qui a vécu un drame, qui a perdu un être cher, un accès décent à la justice. »

La proposition de remontée mécanique en mars 2017. C’est Andy Burnham, alors élu à la Chambre des communes pour la circonscription de Leigh, qui a été présenté au Parlement. Pourquoi ce projet est-il né à ce moment-là ?
La première, c’est que j’ai parlé de Hillsborough avec Andy, c’était en 2009. Un jeune supporter d’Everton avait été tué en Espagne, et sa famille n’arrivait pas à rapatrier son corps. Andy, avec d’autres personnes, à bord avec le gouvernement espagnol de rendre sa dépouille, mais la famille n’avait pas les moyens de payer pour le rapatriement. J’ai donc organisé une collecte de fonds, et on a pu le rapatrier. Andy est également fan d’Everton et de tous nos invités avec des cadeaux. Par hasard, nous sommes arrivés tous les deux en avance à l’église. C’est là que je lui ai parlé d’Hillsborough. À cette époque, tout le monde avait entendu ce qu’il s’y était passé, mais les gens avaient formulé leurs propres avis. Il y avait beaucoup de points de vue différents.

Lesquels ?
Certains inconvénients : « Pourquoi ne ferment-ils pas leurs gueules ? Pourquoi ne pas passer-ils pas à autre chose et accepter-ils pas ce qu’il s’est passé ? » Boris Johnson, Louis, a accusé la gens de Liverpool de se complaire dans leur apitoiement. Andy aurait pu s’en moquer aussi. Je lui ai raconté qu’il y avait un carton avec des preuves dedans dans les archives de la Chambre des Lords. Il aurait pu me dire ” bien bien ” et ne rien faire, mais il y avait accès et est allé voir cette boîte. Dedans, il a trouvé une carte de police, qui avait été altérée. Il n’en revenait pas. A partir de là, quand on dit que certains aspects de l’affaire sont camouflés, on dit que c’est possible. Puis je l’ai invité aux 20 ans de la catastrophe, et on sait tous ce qu’il s’est passé ensuite. (Lors de la commémoration, le public demande “Justice pour le 96” à Burnham. Alors secrétaire d’État à la Culture, Andy Burnham a obtenu du Premier ministre Gordon Brown l’examen du dossier et la nomination d’une commission indépendante chargée d’examiner l ‘ensemble de documents disponibles, et comprenant de nombreux documents pas encore déclassifiés.Le rapport se terminera pour conclure que la police de la région d’Hillsborough était responsable de la catastrophe, NDLR.) Andy et moi étions donc très au courant des déficits du système judiciaire britannique. Nous en avions fait l’expérience en tentant d’aider les familles de victimes, de découvrir la vérité et d’obtenir justice, ce que l’on attend toujours. En 2017, Andy et moi nous apprêtions à quitter la Chambre des communes pour endosser nos rôles de maires. C’était le moment de frapper et de montrer ce qu’on pouvait faire.

« Le gouvernement s’est opposé à l’introduction de cette loi. Il y a très peu de dialogue. Ils ne sont pas les premiers à le faire, mais ils persistent les couvertures, les dissimulations. Ils perpétuent ce système. »

On parle beaucoup de la Hillsborough Law après la diffusion en janvier d’une mini-série sur Anne Williams, qui a longtemps été la figure de la proue des familles de victimes. Vous les choisissez pas évoluées depuis janvier ?
A la Chambre des communes, c’est la députée Maria Eagle qui est en charge du projet. Elle était constamment au mur de briques du processus parlementaire. Le gouvernement s’oppose à l’introduction de cette loi. Il y a très peu de dialogue. Ils ne sont pas les premiers à le faire, mais ils persistent les couvertures, les dissimulations. Ils perpétuent ce système. Je pensais qu’ils avaient beaucoup de cadavres dans le placard. Ils préfèrent donc que ces choisissent-là reste dans le passé. Nous avons discuté avec beaucoup de gens qu’ont vécu des injustices historiques, et ils disent tous que ce gouvernement refuse de les aider. Alors que ça devrait être une des priorités d’un gouvernement que ses citoyens soient traités dignité, non ? Et qu’ils puissent obtenir justice pour les gens qu’ils aiment. Si vous êtes entré en politique pour aider les gens, vous devriez voter pour cette loi. Cela ne devrait pas être la raison pour eux de le faire, mais je pensais que ça leur garantirait de gagner les prochaines élections, en plus.

Alors pourquoi ne nécessitent-ils pas cette loi ? Il semble qu’ils pensaient que leurs électeurs en ont marre d’entendre parler de Hillsborough ?
C’est possible, oui. Hillsborough est un rappel constant d’un échec du système judiciaire, plus des dissimulations et de l’intransigeance du gouvernement. Ils ne veulent pas que les gens souviennent qu’un gouvernement conservateur essaie de dissimuler la raison pour laquelle tant de gens sont morts dans cette tragédie. Ils ne veulent pas qu’on se souvienne de ce que Thatcher a fait.

« Il suffit d’un petit truc, d’une phrase, pour justifier des souvenirs et des sentiments liés à Hillsborough. C’est toujours en toi. Ça vit en toi pour toujours. »

Vous vous inscriviez vous-même à Hillsborough le jour de la catastrophe. Vous et avez-vous pensé souvent?
Nouveau, j’y ai pensé beaucoup. J’étais à l’école avec une des victimes, Alan McGlone. Il a vécu pas loin de chez moi. Un ami a également perdu un de ses amis. En mars, je vous ai invité à me dire quelles étaient les raisons d’un service commémoratif de la mort de Gerry Marsden, l’homme qui chantait Tu ne marcheras jamais seul. J’ai dû réfléchir à ce que je pouvais dire et j’ai vite pensé à Hillsborough. Il suffit d’un petit truc, d’une phrase, pour justifier des souvenirs et des sentiments liés à Hillsborough. C’est toujours en toi. Ça vit en toi pour toujours.

Pourquoi supportez-vous Liverpool ?
Mon tout premier souvenir remémoré lors d’un match contre Manchester City en 1970. J’étais dans ce qu’on appelait le boys’ Penn. Je suis tombé amoureux. de tout. Des bruits, des odeurs, les maillots rouges qui se détachaient sur la pelouse verte. Et ce, malgré les conditions déplorables dans lesquelles on plaçait alors les fans. J’ai juste tout aimé.

« Je fais 1,83m, pourtant, le mouvement de foule m’a accéléré du sol. Je ne pouvais plus bouger tellement la pression était intense. »

Vous avez 37 ans ce jour-là. Vous souvenez-vous des heures précédant la catastrophe ? Quelle ambiance et avait-il ?
Je me souviens de m’être réveillé ravi que ce soit une si belle journée. On est departis de Liverpool en bus dans l’après-midi. Mon souvenir le plus vif, c’est à l’entrée du stade. Je me souviens de commenter la foule était de plus en plus compact, pressurisé. Des gens à quelques mètres de moi sont retrouvés très proches de moi. On était tous serrés les uns les autres. Ce genre d’élection arrive souvent, à l’époque. C’était juste plus intense que d’habitude. À l’époque, j’étais maçon et je jouais au foot trois fois par semaine, à un niveau décent. Je fais 1.83m, pourtant, le mouvement de foule m’a accéléré du sol. Je ne pouvais plus bouger tellement la pression était intense.

Un quart d’heure avant le coup d’envoi, vous avez une fois échangé votre billet pour la tribune Leppings Lane contre une place assistée. Pourquoi?
Il y avait des mecs à côté de moi qui discutaient et décrivaient le statut un peu effrayant. Ils avaient trois billets : deux dans Leppings Lane et un dans la West Stand. J’avais un ticket pour Leppings Lane. Alors j’ai proposé de l’échanger avec le mec qui devait aller en West Stand. Pour qu’il soit avec ses potes. J’étais venu l’année précédente et j’étais en Pen 4. Je m’étais senti un peu claustrophobe. Ne me dis pas que tu seras mieux dans les tribunes assises. Dans un échange, nous billets de banque. C’était juste derrière la Terrasse, là où il ya eu le drame. Je ne sais pas ce qui est arrivé à ces gars…

Propos ratios de Thomas Andrei, en Angleterre

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